8 SWISS CAMION Dans une ferme à Pleigne (JU), Vanja von Allmen décharge des copeaux de betteraves. Ceux-ci sont issus de la production de sucre à partir de betteraves sucrières et constituent un aliment très prisé par les animaux. Arrivée à proximité du champ de betteraves, Vanja von Allmen attend la chargeuse. A la sucrerie d’Aarberg, la chauffeuse nettoie sa semi-remorque. lacunes scolaires et j’avais une place d’apprentissage, mais je ne pouvais simplement pas encore commencer ma formation.» Elle est donc partie en Suisse romande en tant que fille au pair et a appris le français, ce qui lui est utile lorsqu’elle se rend dans le Jura ou dans d’autres régions de Suisse romande. L’année dernière, elle a terminé avec succès son apprentissage de conductrice de véhicules lourds et ne regrette pas une seconde d’avoir choisi cette voie. Du champ à l’usine Alors qu’elle est encore à la ferme de Pleigne, elle reçoit un message lui indiquant l’emplacement d’un champ, situé non loin de là, où elle doit aller charger des betteraves sucrières. Elle s’y rend en empruntant de petits chemins bétonnés, pas plus larges qu’un chemin de terre. Bientôt, c’est toute une file de tracteurs et de camions qui attendent d’être chargés par la «souris». Vanja grimpe sur le bord de la semi-remorque, derrière la cabine, pour surveiller le chargement. Puis elle referme la bâche et repart, cette fois en direction d’Aarberg, à la sucrerie. Là, elle se rend sur la balance et s’arrête brièvement dans une zone où un bras préhenseur prélève un échantillon de son chargement. Quelques mètres plus loin, elle fait tomber les betteraves sucrières hors de sa semi-remorque. La cargaison du champ laisse évidemment des traces dans la semi- remorque. C’est pourquoi Vanja la lave soigneusement: «Tout à l’heure, nous chargerons à nouveau des copeaux de betteraves, c’est-àdire de la nourriture pour animaux», dit-elle. «Après tout, nous n’aimerions pas non plus que notre nourriture soit souillée.» Maintenant, nous retournons dans le Jura. «Peut-être encore deux fois aujourd’hui», suppose-t-elle. Les différentes applications météo s’accordent désormais à dire que l’hiver fera sa première apparition de la saison le lendemain. La route conduisant au village jurassien de Pleigne, situé en altitude, ne devrait alors plus être trop facile à emprunter avec un lourd chargement. C’est la raison pour laquelle son chef décide d’effectuer aujourd’hui encore les trajets prévus pour le lendemain, en tenant compte des heures de conduite. «Dans ce métier, les journées de travail peuvent être longues», constate Vanja von Allmen. «Dans le secteur agricole, il faut aussi être très flexible, car le travail est souvent déterminé par la météo. Les jours de congé permettant de réduire les heures supplémentaires se décident le plus souvent à court terme. Il n’y a qu’en janvier et en février qu’il y a moins de travail.» En revanche, les tâches sont très variées: en plus des travaux les plus divers avec le camion, elle est parfois aussi en route avec le tracteur, ce qui lui plaît beaucoup. Dans son entourage, elle recommande le métier de chauffeur, à condition que l’intéressé soit passionné. En effet, elle est convaincue que «sans passion, rien ne va plus». Celui qui veut devenir chauffeur parce que c’est «facile de rester assis dans la cabine toute la journée» se trompe, tout simplement. Mais si l’on est passionné par son métier, le travail est certes difficile, mais aussi très agréable et offre de nombreuses possibilités. «Il y a tellement de branches dans lesquelles on peut travailler comme chauffeur, c’est un domaine si vaste», affirme-t-elle. Les températures en cette veille d’hiver ne cessent de baisser, notamment sur les hauteurs du Jura. Il fait déjà nuit noire lorsque Vanja von Allmen est de retour à Oberbottigen après avoir effectué son dernier trajet: elle peut désormais commencer à profiter d’une soirée bien méritée. ■
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