Interdiction de circuler la nuit: 10 bonnes raisons

Association Ausgabe-01-2025

L’ASTAG souhaite que l’interdiction de circuler la nuit soit ramenée de 5 heures à 4 heures. L’association professionnelle des Routiers Suisses s’oppose quant à elle à un assouplissement de la réglementation actuelle: ce n’est pas aux chauffeurs de payer pour la votation qui vient d’être perdue!

Nous ne voyons pas pourquoi, en raison de la votation perdue sur l’extension des autoroutes, nous devrions maintenant résoudre les problèmes en demandant aux chauffeurs de commencer le travail plus tôt. Les embouteillages sont dus à l’augmentation du trafic des voitures particulières et du trafic de loisirs. A cela s’ajoutent les flux de pendulaires dus à la croissance démographique. Il se trouvera toujours quelques chauffeurs pour soutenir la levée de l’interdiction de circuler la nuit, car il y a moins de voitures sur les routes la nuit. Mais la plupart de ces partisans n’ont pas réfléchi aux conséquences pour tous les autres chauffeurs et pour l’ensemble de la branche. C’est pourquoi nous énumérons ici 10 bonnes raisons de ne pas affaiblir davantage l’interdiction de circuler la nuit:

1. Les chauffeurs ont eux aussi besoin de repos nocturne, surtout lorsqu’ils travaillent de jour. Car commencer une heure plus tôt le matin ne signifie pas forcément finir une heure plus tôt le soir. Celui qui commence à travailler à 4 heures doit se lever à 3 heures et devrait se coucher à 19 heures. Cela ne correspond pas aux habitudes de la famille et de l’entourage. De plus, le soir, il y a souvent des obligations familiales. A la longue, les chauffeurs seraient ainsi bannis de la vie sociale. Le fait de commencer le travail plus tôt entraîne en outre un manque de sommeil et un risque accru d’accident.

2. Aujourd’hui déjà, un camion peut être utilisé de 5 heures à 22 heures. Cela suffit pour effectuer les livraisons chez les clients pendant la journée.

3. Avant 7 heures, la plupart des clients ne sont pas prêts à accepter des livraisons. Le chauffeur qui part plus tôt pour éviter un embouteillage restera une heure de plus devant le quai du client. Aujourd’hui, de tels temps d’attente ne sont généralement pas payés.

4. Pour le transport de denrées périssables, la poste et les transports spéciaux, il existe déjà plus qu’assez de réglementations spéciales permettant de lever l’interdiction de circuler la nuit.

5. Si certains chauffeurs partent à 4 heures, tous les autres devront en faire autant. Dans le cas contraire, des inégalités apparaîtraient au niveau de la concurrence économique.

6. Avec un passage en douane effectué à partir de 4 heures, presque toute la Suisse peut être livrée à partir de 7 heures depuis l’étranger. Dans ces conditions, cela n’aurait plus guère de sens d’exploiter des centres logistiques en Suisse.

7. Le travail devrait être mis en œuvre comme dans l’industrie avec des plans d’équipes selon les directives du SECO: celui qui commence à 4 heures termine son travail à 13 heures. Il n’y aurait pas de temps d’attente non payés, ni de pauses artificielles. Le secteur des transports devrait se soumettre aux lois habituelles sur le travail comme aujourd’hui.

8. Pendant la journée, aucune réduction sensible du trafic due aux camions n’est perceptible. En effet, les camions représentent au total moins de 8 % du volume de trafic. Si une partie d’entre eux partent à 4 heures du matin, l’allègement est tout au plus de l’ordre de quelques pour mille.

9. Pour de nombreux chauffeurs, il n’est pas bon de travailler la nuit pour des raisons de santé. Il faudrait donc s’attendre à des dispenses ou des interdictions d’exercer pour des raisons médicales.

10. Le métier de chauffeur deviendrait moins intéressant à l’avenir.

Texte: David Piras 
Photo: DVK