Ne pas avoir les mains sur le volant? – Le Conseil fédéral autorise la conduite automatisée

Véhicules et technique Ausgabe-01-2025

Le Conseil fédéral autorisera les assistants à la conduite de niveau 3 à partir de mars 2025, ce qui permettra aux conducteurs de retirer leurs mains du volant. Mais avec cette décision, le Conseil fédéral ne prend-il pas de vitesse l’industrie automobile?

Le Conseil fédéral veut renforcer la sécurité routière et améliorer la fluidité du trafic. Lors de sa séance du 13 décembre 2024, il a donc adopté une ordonnance qui réglemente la conduite automatisée. Le règlement applicable à partir du 1er mars 2025 permet trois cas d’application: premièrement, sur autoroute, les conducteurs d’un véhicule automatisé pourront utiliser un système de pilotage tout en lâchant le dispositif de direction. Mais ils doivent pouvoir intervenir à nouveau à tout moment si le système automatisé le leur demande. L’utilisation de véhicules sans conducteur sur des tronçons définis par les autorités est également autorisée, à condition qu’un opérateur dans un centre surveille ces véhicules. Ainsi, en cas d’urgence, celui-ci peut proposer une manœuvre au véhicule. Selon le communiqué de presse du Conseil fédéral, l’utilisation de véhicules sans conducteur peut être particulièrement intéressante pour le transport de marchandises et la couverture du «dernier kilomètre» dans le transport de personnes. Enfin, le Conseil fédéral autorise également le stationnement automatisé sans la présence du conducteur dans des parkings couverts et sur des places de stationnement définis et signalés à cet effet. 

Le premier cas d’application est particulièrement intéressant pour les entreprises de transport: «Dès que de tels systèmes seront disponibles pour les véhicules utilitaires lourds ou que des véhicules utilitaires équipés en conséquence seront disponibles, nous examinerons certainement la question», comme l’a déclaré Jan Pfenninger, responsable Marketing et Communication chez Planzer Transport SA. Mais le secteur des transports devra sans doute encore patienter: certes, MAN, par exemple, mène déjà depuis 2016 divers projets pilotes de conduite autonome, mais Thomas Maurer, directeur de MAN Truck & Bus Suisse, répond ceci lorsqu’on le questionne à ce sujet: «Nous devons d’abord réexaminer en détail les conditions avec MAN SE à Munich.» Selon lui, l’utilisation du niveau 3 ne devrait plus entraîner de dépenses particulières pour de nombreux constructeurs et le niveau 4 sera disponible chez MAN d’ici à 2027. L’homologation des systèmes devrait avoir lieu au cours du premier semestre 2025 et sera effectuée «avec soin et en tenant compte des conditions spécifiques de la Suisse», indique l’Office fédéral des routes (OFROU). Si un constructeur a obtenu l’autorisation pour l’UE, cela ne signifie donc pas qu’elle est également valable pour la Suisse. Dans une interview accordée à 20 Minutes, Jürg Röthlisberger, directeur de l’OFROU, a mis en garde contre des attentes trop élevées: «L’industrie automobile n’est pas encore prête.» Et, compte tenu de la réponse réservée du directeur général de MAN, Thomas Maurer, les chauffeurs de camion risquent de devoir patienter encore un peu... 

Texte: Fabienne Reinhard 
Photo: Torc

Les cinq étapes de la conduite autonome

 

Niveau 1: conduite assistée, p. ex. régulateur de vitesse et assistant de maintien dans la voie.

Niveau 2: conduite semi-automatisée, par ex. assistant de dépassement, aide au stationnement.

Niveau 3: conduite hautement automatisée, la voiture conduit et freine de manière autonome, sans intervention humaine, mais durant une période limitée.

Niveau 4: conduite entièrement automatisée, les systèmes techniques effectuent toutes les tâches de conduite de manière autonome, possibilité de parcourir de longues distances sans intervention.

Niveau 5: conduite autonome, il n’y a plus que des passagers et pas de conducteur.

Source: ADAC