Électrisé à l’âge de vétéran

Éditorial Ausgabe-05-2024

La journée des vétérans des Routiers Suisses a réuni de nombreuses personnes qui se sont engagées pendant des années pour le métier de chauffeur, non seulement au volant de leur camion, mais aussi au sein de notre association. Les histoires d’autrefois, lorsque la profession était encore différente, moins réglementée par exemple, se racontent toujours avec plaisir, en sachant aussi que tous les règlements n’ont pas forcément été créés au détriment des chauffeurs sérieux. La fascination pour le métier a toujours été grande et l’est encore aujourd’hui, tout comme son importance incontestée. Finalement, il y a même des gens, comme notre responsable de cours, Helmut Riede, qui, au lieu de partir en vacances, préfèrent parcourir l’Europe au volant d’un camion pour une entreprise de transports et nous en parler dans ce numéro. Mais certains facteurs ont fait que ce métier a perdu de son attrait: les longues journées de travail ne sont plus en vogue et la circulation dense, voire les embouteillages, peuvent mettre les nerfs des chauffeurs à rude épreuve. De bonnes conditions d’emploi et une politique des transports intelligente sont nécessaires pour que, par exemple, les jeunes qui ont terminé cet été leur apprentissage de conducteur de véhicules lourds puissent se rendre plus tard à une réunion de vétérans, car ils seront restés fidèles à la profession. Bien entendu, ces chauffeurs fraîchement diplômés rouleront un peu différemment que les vétérans d’autrefois. Il y a par exemple de fortes chances pour qu’ils travaillent dans un avenir proche avec un camion électrique, si ce n’est pas déjà le cas. Les constructeurs ont fait leurs devoirs, les flottes électriques des transporteurs suisses se développent assez rapidement, car la Suisse, par sa taille, est prédestinée à la propulsion électrique par batterie pour les véhicules utilitaires. Cette évolution ne pourra pas être stoppée, à condition que la politique et le secteur de l’électricité ne se «plantent» pas complètement, car à force de parler de «sprints solaires» et de «réseaux intelligents», on finit par oublier de développer l’infrastructure du réseau de manière à ce que chaque dépôt d’entreprise de transports dispose de suffisamment de courant et de tension. Pour les fans inconditionnels des véhicules à combustion, cela peut être un peu énervant, mais pour le métier de chauffeur, c’est finalement secondaire. Les chauffeuses et les chauffeurs sont toujours importants et l’on continuera à avoir besoin d’eux à l’avenir. Pour effectuer leur travail, ils ont besoin de véhicules fiables et les camions équipés d’une motorisation fonctionnant à l’électricité ont démontré qu’ils étaient à la hauteur de nos attentes, comme on peut le lire dans le bilan du test réalisé au volant d’un e-truck, publié dans ce numéro.

Daniel von Känel, rédacteur en chef