Essai pilote à Berne – Priorité au trafic commercial

Transport et infrastructure Ausgabe-01-2025

Vue sur le pont Monbijou à Berne: des véhicules sélectionnés, munis d’une autorisation exceptionnelle, pourront bientôt y emprunter la voie réservée aux bus.

Dans le cadre d’un essai pilote, la Ville de Berne prévoit de mettre en œuvre des mesures pour donner la priorité au trafic commercial et le rendre ainsi plus efficace. L’objectif est de réduire les nuisances dues au trafic évitable tout en soutenant la mobilité opérationnelle des entreprises.

Le trafic augmente et continuera probablement de le faire à long terme. La croissance démographique, le besoin élevé de mobilité et la demande de services en tous genres font que les surfaces routières sont de plus en plus utilisées. Ainsi, les exigences des différents usagers de la route augmentent également pour pouvoir utiliser le plus possible ces surfaces. C’est surtout dans les villes, dans ces espaces très densément peuplés, que de nouveaux concepts de transport sont nécessaires. L’une des approches consiste à privilégier le trafic commercial par rapport au trafic privé. Il y a un peu plus de trois ans déjà, l’Office fédéral du développement territorial (ARE) publiait une étude de base destinée à définir ce qu’est le trafic économique et quelle est sa contribution au volume total du trafic (voir encadré). L’étude visait à établir des faits, notamment en ce qui concerne l’organisation future des transports, dans laquelle la priorité pourrait par exemple être accordée au trafic dit nécessaire par rapport au trafic évitable. La Ville de Berne veut maintenant tester cette même priorisation. L’essai d’un an doit débuter à l’été 2025 et comprend plusieurs mesures de facilitation du trafic pour certains véhicules. Dans un communiqué de presse, la Ville de Berne a donné des détails sur cet essai pilote:

Priorité sur le pont Monbijou: les véhicules bénéficiant d’une autorisation exceptionnelle pourront à l’avenir utiliser la voie réservée aux bus sur le pont Monbijou dans les deux sens de circulation: cela devrait améliorer la fluidité du trafic pour ces véhicules.

Réglementation de l’accès à la vieille ville: les véhicules disposant d’une autorisation spéciale pourront tourner directement en direction de la place de la Gare depuis le nord de la vieille ville. Cela facilitera la logistique et permettra de gagner du temps.

Eligibilité: seules les entreprises dont les véhicules sont nécessaires au bon fonctionnement des services à la population peuvent demander une autorisation exceptionnelle, p. ex. les entreprises de logistique, entreprises artisanales, services d’entretien et services de soins médicaux.

Autorisations et financement: pour cet essai pilote, une ordonnance a été adoptée par le Conseil municipal, qui a voté un crédit de 300 000 francs à cet effet.

Suivi et évaluation: pendant la période d’essai, le trafic sera observé, afin de s’assurer qu’il n’y a pas de perturbations pour les transports publics, les piétons et les cyclistes. Les résultats serviront de base de décision pour les futures dérogations.

L’essai pilote s’inscrit dans le contexte du projet «Avenir de la gare de Berne» («Zukunft Bahnhof Bern» (ZBB), qui se concentre sur le réaménagement et l’optimisation du trafic dans le secteur de la gare. Les résultats doivent aider à développer des stratégies de transport à long terme. L’objectif est de trouver une solution de transport durable et efficace qui soutient le trafic économique tout en désengorgeant le trafic urbain.

Texte: Daniel von Känel
Photo: Wikimedia commons / Jag9889

Le trafic économique bénéficie d’une attention positive

L’étude de base de la Confédération sur la thématique des transports économiques a été publiée fin 2021 et «met en lumière une composante essentielle de l’économie et de la société suisses, à savoir le transport de marchandises et de personnes à des fins professionnelles et de service». Les avantages du trafic économique sont mis en évidence dans cette étude: «Ces transports assurent l’approvisionnement quotidien de la population, par exemple en permettant de remplir les rayons des supermarchés, en éliminant les déchets et en livrant les marchandises commandées en ligne.» En même temps, le transport commercial pose des défis considérables, car il surcharge les réseaux de transport et a un impact social et environnemental. Les zones urbaines et leurs infrastructures de transport sont particulièrement touchées, car elles atteignent de plus en plus leurs limites de capacité: «Les piétons, les trams, les véhicules de livraison et les autres usagers de la route se partagent un espace routier limité, ce qui aggrave encore la situation.» L’évolution sociale et technologique, comme la croissance du commerce en ligne, qui augmente les exigences en matière d’approvisionnement et d’élimination dans les zones urbaines, constitue un facteur aggravant. «Jusqu’à présent, il manquait toutefois une définition claire et une systématisation des transports économiques. Pour y remédier, l’Office fédéral du développement territorial (ARE) a réalisé une étude approfondie en collaboration avec d’autres offices fédéraux», ce qui explique la raison d’être de cette étude. Celle-ci montre qu’un dialogue plus intense entre les autorités et l’économie est nécessaire pour discuter d’une éventuelle gestion ou priorisation des transports économiques. L’objectif est d’améliorer la fluidité du trafic et de garantir le bon fonctionnement de ce secteur à long terme. L’étude a mis l’accent sur le transport économique par la route, le rail ne jouant qu’un rôle limité dans les zones urbaines. La notion de trafic économique englobe le transport de biens et de personnes à des fins professionnelles et de service, en particulier les services d’approvisionnement et d’élimination des déchets dans le commerce, l’artisanat, l’industrie et le secteur public. Les déplacements entre le domicile et le lieu de travail des salariés ne sont pas inclus. Le trafic économique, qui se divise en transports de marchandises, transports de personnes et transports de services, comprend les véhicules de livraison des entreprises de logistique, des entreprises artisanales, les taxis et les services de messagerie. Le trafic économique représente au total environ 16,5 % du trafic routier en Suisse. La Confédération prévoit de prendre des mesures ciblées afin de garantir un meilleur fonctionnement du trafic économique, et cette étude constitue une base importante à cet effet.

DVK