«La reconnaissance est une valeur importante»

Association Ausgabe-03-2025

Bernhard Schnyder, chauffeur et membre des Routiers Suisses depuis plus de 30 ans.

Cela fait plus de 30 ans que Bernhard Schnyder est membre de l’association des Routiers Suisses et il est président de la section Glaris depuis quatre ans. Chez son employeur actuel, l’entreprise de construction Martelli SA, il est non seulement chauffeur, mais aussi chef de dépôt et acheteur. Il aimerait que le métier de chauffeur soit à nouveau plus valorisé.

«La profession de chauffeur a déjà connu de profonds changements», constate Bernhard Schnyder. Nous accompagnons aujourd’hui le président de la section Glaris des Routiers Suisses lors d’une mission effectuée au volant de son camion pour son employeur, la société Martelli SA, établie à Jona (SG). Il prend la route en passant par le col du Hirzel pour rejoindre sa destination: Reiden, dans le canton de Lucerne. Lorsqu’il est au volant de son camion, un Scania V8 équipé d’une grue, il livre généralement des matériaux de construction sur des chantiers. Sa cargaison se compose de matériaux de construction, de conteneurs ou de machines de construction les plus diverses; en somme, tout ce qu’une entreprise de construction doit transporter sur un chantier. Aujourd’hui, il s’agit d’une ancre de fondation pour une grue à tour qu’il récupèrera chez Liebherr à Reiden.

Grue sur pneus et transports lourds

Ce chauffeur, qui a grandi à Schänis (SG) et vit aujourd’hui à Ricken, a fait son apprentissage de 1992 à 1995. «En fait, je voulais apprendre le métier de mécanicien sur poids lourds», explique-t-il: «Mais il était clair que je voulais de toute façon rouler plus tard, alors j’ai tout de suite fait un apprentissage de chauffeur.» Il aurait pour ainsi dire été prédestiné à exercer ce métier. «Mon père était chauffeur, mon oncle aussi et je les accompagnais souvent quand j’étais petit.»

Pendant une vingtaine d’années, il a travaillé en tant que chauffeur auprès de la société JMS, puis chez Welti-Furrer. «Je conduisais une grue mobile et je transportais des charges lourdes», raconte-t-il. Il appréciait ce job, mais les journées de travail très longues ne lui laissaient plus de temps pour faire autre chose. Mais Bernhard Schnyder n’est pas seulement un professionnel et un père de famille, c’est aussi un pompier dévoué: «Je suis chef d’engin et instructeur de conduite chez les pompiers», explique-t-il. Il ne veut pas renoncer à cette activité, c’est pourquoi il a aujourd’hui un emploi qui lui permet de concilier les deux. «Je suis toujours chauffeur, mais je suis aussi devenu chef de dépôt et acheteur de matériel», ajoute-t-il. Il passe donc son temps de travail au bureau, au dépôt et derrière le volant de son camion. «C’est très varié», assure-t-il.

La carte de visite de l’entreprise

Ce qu’il apprécie beaucoup dans son poste actuel, c’est la reconnaissance dont on y bénéficie. «Il arrive aussi que le chef nous fasse des compliments, et le vendredi soir, après le travail, il s’assoit avec nous autour de la table», reconnaît Bernhard Schnyder. Bien sûr, en contrepartie, il s’investit pour son employeur et veille à donner une bonne image de l’entreprise. «Je veille par exemple à ce que mon camion soit toujours bien entretenu», affirme-t-il. «Il y a des chauffeurs qui ne se soucient pas de l’état de leur camion, car après tout, il ne leur appartient pas. Pourtant, il en va de l’image de l’entreprise et des chauffeurs. Celle-ci souffre par exemple aussi lorsque l’on travaille en jogging.»

Une grosse responsabilité

Arrivé à Reiden, il s’enregistre et traverse le vaste site jusqu’à l’endroit où se trouve sa cargaison. Il la hisse sur le camion à l’aide de la grue et l’arrime conformément aux consignes de sécurité. «Ce que j’aime dans le métier de chauffeur, c’est notamment le fait de pouvoir voir du pays», dit Bernhard Schnyder, en ajoutant: «On assume une grande responsabilité. Cela devrait être plus apprécié en général.»

En revenant sur les changements mentionnés ci-dessus, il constate qu’on ne s’entraide plus comme avant au sein de la profession. «Beaucoup n’agissent que pour eux-mêmes», déplore-t-il. «Quand on n’avait pas encore de téléphone portable, on s’asseyait souvent autour d’une table dans un restaurant. Aujourd’hui, beaucoup restent dans leur cabine pour manger et c’est dommage.» Il serait souhaitable de renforcer la cohésion. C’est aussi pour cette raison qu’il est resté membre de la section glaronnaise des Routiers Suisses, section à laquelle il a adhéré alors qu’il était encore apprenti et qu’il préside depuis quatre ans, après avoir siégé pendant plusieurs années au comité. Heureusement que les 10 à 12 événements organisés chaque année bénéficient toujours d’une bonne fréquentation: «Cela permet au moins d’échanger entre nous», reconnaît-il en guise de conclusion.

Outre la protection juridique, c’est justement cette solidarité entre les membres qui constitue le principal avantage d’une adhésion à notre association, surtout à une époque où le métier de chauffeur a beaucoup changé par rapport à l’époque en termes de cohésion.

Texte et Photos: Daniel von Känel