Menace pour les eaux? – L’OFROU étudie l’usure des pneus

Transport et infrastructure Ausgabe-07-2024

L’usure des pneus est probablement l’une des principales sources de microplastiques. Des pneus plus respectueux de l’environnement sont nécessaires.

La protection des eaux suisses est une tâche centrale de l’Office fédéral des routes (OFROU). Une grande partie des eaux usées routières est filtrée et épurée. Par le biais d’un projet de recherche, l’OFROU veut combler les lacunes de connaissances autour du thème des microplastiques dus à l’usure des pneus.

Les eaux usées routières, c’est-à-dire les eaux de pluie des routes très fréquentées, doivent être traitées, car elles contiennent des polluants provenant de l’abrasion des pneus et de la chaussée (voir encadré). C’est ce qu’exigent les prescriptions fédérales en matière de protection des eaux. La responsabilité en incombe à l’OFROU. Dans la mesure du possible, l’OFROU laisse les eaux routières s’infiltrer directement à côté de la chaussée.

Sinon, des installations de traitement des eaux usées routières (SABA, voir encadré) sont utilisées. Celles-ci filtrent les eaux usées routières avant qu’elles ne soient déversées dans un cours d’eau ou dans le sol.

Source de microplastiques

Ces dernières années, les problèmes liés aux microplastiques dans l’environnement ont fait l’objet d’une attention accrue de la part du public. Selon les estimations, ces particules de plastique restent dans l’environnement pendant des décennies, voire des siècles, et ont des effets négatifs sur les hommes et les animaux, ainsi que sur les sols et les eaux.

Selon les connaissances actuelles, l’usure des pneus est la plus grande source de microplastiques dans l’environnement en Suisse. On estime qu’entre 13 500 et 21 200 tonnes de microplastiques issus de l’usure de pneus sont produites chaque année en Suisse. Environ un quart de cette quantité peut être retenu par le nettoyage des rues et le traitement des eaux usées, puis éliminé. Le reste se retrouve dans l’environnement.

Aucune méthode standardisée

Jusqu’à présent, il n’existe toutefois aucune méthode de mesure standardisée pour déterminer les quantités d’usure des pneus ou leurs effets toxiques. Il en résulte des incertitudes considérables quant aux effets sur l’homme et l’environnement. C’est pourquoi le Conseil fédéral veut combler d’urgence les lacunes dans les connaissances et s’attaquer aux mesures qui réduisent l’usure des pneus à la source ou qui optimisent la rétention de l’usure des pneus. Dans ce contexte, l’OFROU prévoit de lancer un projet de recherche spécifique en 2025. Celui-ci doit déterminer des approches permettant de retenir plus efficacement les particules issues de l’usure des pneus dans les localités.

Sur les routes nationales, le programme d’assainissement du drainage doit être poursuivi. Ce programme a pour objectif d’augmenter encore la part d’usure des pneus retenue dans les SABA.

Pneus plus écologiques exigés

Le Conseil fédéral veut également mettre les fabricants de pneus face à leurs responsabilités: ils doivent proposer des pneus qui produisent le moins d’usure possible et qui sont composés de substances et de matériaux largement inoffensifs pour l’environnement. Cela est particulièrement judicieux pour les pneus de camions. En effet, plus le véhicule est lourd, plus l’usure des pneus est importante. Cependant, le style de conduite, le choix des pneus et la pression des pneus ont également une influence sur l’usure des pneus.

Premier pas dans la bonne direction

La recherche sur les microplastiques est récente. Bien que les connaissances soient encore très lacunaires et que l’effet toxicologique de l’usure des pneus ne soit pas entièrement connu, le Conseil fédéral considère l’usure des pneus comme un problème.

Au cours des dernières décennies, de grandes quantités de déchets issus de l’usure de pneus se sont retrouvées dans l’environnement et y demeurent sous forme de microplastiques. Le Conseil fédéral s’attend à ce que, sans mesures appropriées, ce phénomène continue d’augmenter, avec des conséquences potentiellement négatives pour l’homme et l’environnement. Le projet de recherche prévu peut donc être considéré comme un premier pas dans la bonne direction.

Lien vers le rapport: «L’usure des pneus, la plus grande source de microplastiques. Mesures de réduction, rapport en réponse au postulat 19.3559, Schneider Schüttel, 06.06.2019»: www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/82107.pdf

Texte: Fabienne Reinhard 
Photos: DVK et ASTRA

Eaux usées routières

Les eaux usées routières sont des eaux de pluie qui s’accumulent sur les surfaces denses des revêtements routiers. Elles sont chargées de substances nocives provenant de l’abrasion des pneus et de la chaussée. En hiver, elles contiennent également du sel.

Fabienne Reinhard

Installations de traitement des eaux usées routières (SABA)

Lorsqu’il n’est pas possible d’évacuer l’eau par le talus et qu’elle est collectée, l’OFROU met en place des SABA. Ces installations filtrent les eaux usées des routes avant qu’elles ne rejoignent les cours d’eau ou le sol. Selon la topographie, les SABA naturels peuvent couvrir jusqu’à dix kilomètres d’autoroute en retenant au moins 80 % des polluants.

Fabienne Reinhard