La «classe royale»– Rencontre de types à Bigenthal (BE)

Concentrations Ausgabe-04-2024

Saurer de Flückiger Rothrist.

La rencontre Saurer à Bigenthal a lieu depuis quelques années déjà sur le site de l’entreprise Reinhard Recycling. Cette année, outre les légendaires Saurer 6×6, des Saurer avec sellette d’attelage étaient également invités. Il était seulement important de laisser les semi-remorques à la maison, car l’espace aurait été trop restreint.

La rencontre s’est déroulée par un beau temps estival dans le cadre des «Swiss Historic Vehicle Days», qui ont lieu chaque année le dernier week-end d’avril. Certains participants étaient déjà arrivés la veille, mais la plupart d’entre eux sont arrivés le matin à Bigenthal. On a également pu voir des plaques d’immatriculation tessinoises ou valaisannes, appartenant à des participants qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour présenter leurs véhicules faisant partie de la «classe royale».

Dans son livre «Die Saurer Nutzfahrzeuggeschichte 1904–1982» (L’histoire des véhicules utilitaires Saurer, de 1904 à 1982), Hanspeter Huwyler écrit ce qui suit à propos de ces tracteurs de charges lourdes (version condensée): avec le 5DM 4×4/D2KT de la gamme 73, Saurer proposait un véhicule à traction intégrale pour les transports lourds pouvant atteindre un poids total garanti de 93 tonnes. Lorsque les charges étaient encore plus élevées, la force de traction devait être complétée par un deuxième véhicule tracteur ou un troisième véhicule pousseur, ce qui n’était pas rentable. Le tracteur pour charges lourdes D330 N 6×6 de la gamme 77 a permis de remédier en grande partie à cet inconvénient et de porter le poids total roulant garanti à 120 tonnes. A l’époque, le constructeur FBW, de Wetzikon, avait déjà un tracteur (80X) qui était également proposé en 6×6 et qui mettait ainsi Saurer dans l’obligation de lui emboîter le pas. Les ingénieurs de Saurer ont tenu compte de l’expérience acquise avec le prototype 5DM 6×6, construit en 1966, pour concevoir les nouveaux 6×6. Les longerons du châssis étaient emboutis, les traverses tubulaires, soudées. Sur demande, il y avait des renforts aux endroits particulièrement sollicités comme la traverse de traction ou de poussée. Les véhicules destinés à l’exportation étaient équipés de cadres rivetés ou vissés afin d’éviter les fissures dans les châssis. Le prototype en question était exposé au Salon de Genève de 1976. Après des travaux de réglage et l’élimination des maladies de jeunesse, ce prototype a été loué à différentes entreprises de transport lourd. Au total, 7 exemplaires ont été vendus en Suisse et 10 à l’étranger (8 en Autriche, 1 en Libye et 1 en France). Les véhicules livrés avec une boîte automatique Allison ou un embrayage à convertisseur de couple WSK 400 avaient un point faible, à savoir la couronne dentée rétractée sur le volant moteur, qui se détachait sous l’effet de la chaleur et était ensuite abîmée par le démarreur. La réparation nécessitait le démontage du moteur ou de la boîte de vitesses et la fixation de la couronne dentée par soudage par points.

Pour beaucoup, le dernier week-end d’avril marque le début de la saison des véhicules anciens. Il n’est donc pas étonnant de retrouver de nombreux passionnés de la marque Saurer à Bigenthal. Ceux qui disposaient d’un véhicule «adapté» ont fait le voyage avec leur propre véhicule. Des stands de vente et une restauration étaient également organisés. Vers midi, un groupe de sonneurs de cloches est venu rendre hommage aux fans de Saurer. Les visages des participants montraient que ces gens étaient heureux de se retrouver à l’ombre des tracteurs les plus puissants qui aient jamais quitté les ateliers de l’usine d’Arbon, au bord du lac de Constance, pour discuter de diesel.

Texte et Photos: Erich Urweider